Les troubles psychiques > La phobie

Tout un chacun souhaite avoir de bons voisins pour pouvoir échanger des services ou pour demander conseil. Pour ma part, j’étais bien loti. C’était avec plaisir que j’acceptai un jour une invitation de mes voisins – un couple de retraités.

Leur appartement était tout petit, avec une petite cuisine, et dans le salon, quelques tableaux religieux étaient accrochés. Ma voisine était croyante, mais elle m’étonna en déclarant qu’elle n’allait jamais à l’église. Elle me posa une question surprise: pourquoi ne s’y rendait-elle pas ?

Je n’essayais même pas de le deviner. Il existe de nombreuses raisons de ne pas aller à l’église. Elle insistait. Je n’en savais rien. Peut-on le savoir ? Face à mon silence, elle finit par répondre elle-même : elle avait peur d’entrer dans une église car, à chaque fois, elle y perdait conscience. Cela lui arrivait depuis son enfance. Maintes fois elle dut être transportée évanouie hors de l’église pour retrouver ses esprits. Finalement, une angoisse la saisissait à l’idée de devoir aller à la messe. Sa mère l’exigeait, et c’était un sujet de disputes entres elles. Les années passèrent, cette peur était restée.

Outre les messes à l’église, d’autres situations telles que faire la queue dans un magasin, prendre les transports en commun ou d’entrer chez quelqu’un pouvaient provoquer des sensations qui annonçaient une perte de conscience. Habituée à ces signes, elle savait anticiper les désagréments, et quittait les lieux pour prendre l’air.

Les pertes de conscience lui arrivaient occasionnellement à son domicile pendant qu’elle hébergeait des invités, et il fallait alors l’emmener à l’hôpital. Les médecins avaient beau chercher une cause à ces incidents, mais ils ne la trouvaient pas.

Il me semblait utile de lui présenter mon avis au sujet de l’interaction des organismes humains :

– « Vous pouvez être sensibilisée à certaines substances chimiques sécrétées par le corps d’autres personnes. Si vous connaissez votre groupe sanguin, cela peut vous donner quelques indices. Moi, je suis de groupe 0 ».

– « Et moi, je suis aussi de groupe sanguin O. Et vous ne gênez pas » a-t-elle répondu.

Elle ajouta :

– « Il paraît que le corps de certaines personnes est entouré d’une auréole qui rayonne autour de la tête et des mains. Et cette auréole peut être nocive pour d’autres personnes. Il faut s’entourer de gens auprès desquels on peut rester longtemps sans ressentir de fatigue. Je tiens cela de ma grand-mère »

J’aimerais citer au passage un fragment du livre de Jakub Szymkiewicz, intitulé « L’œuvre sur l’ébriété » paru en 1918 :

« Dans les églises et des salles de bal, l’air est d’abord pur, puis devient vicié : il rend étourdi et même ivre. Il n’est rien d’étonnant qu’on en évacue quelques personnes évanouies ».

Sur le même thème