Qu’est-ce-que les haptènes ? > Les haptènes que nous respirons

Nous savons que les haptènes d’origine humaine sont expulsés à l’extérieur de l’organisme, et nous les retrouveront donc dans l’air que nous respirons.

Imaginons que l’air est un océan qui entoure notre planète. Dans l’atmosphère il y a environ 5,15 x 1018 kg d’air. Au niveau de la mer dans un mètre cube, il y a environ 1,2 kg d’air.

Un organisme humain expulse par les poumons environ 0,55 kg d’eau par 24 heures si la température ambiante est modérée. Un organisme humain sécrète par la peau environ 0,45 kg de sueur par 24 heures. Pendant la canicule, la transpiration augmente et la quantité de liquides biologiques émis hors d’organisme peut atteindre 0,9 kg par heure. En même temps, ce sont les haptènes transportés par la sueur qui se dispersent dans l’air. La concentration d’haptènes est la plus grande à proximité du corps qui les expulse.

Les haptènes  présents dans l’air expiré par un individu  peuvent pénétrer dans les poumons et le sang d’un autre individu, ce qui risque de provoquer les réactions suivantes :

1- blocage d’anticorps ;

2- production de complexes immuns ;

3- recouvrement des érythrocytes / hémagglutination passive ;

4- hémolyse ;

5- destruction de diverses protéines ;

6- sensibilisation aux haptènes d’origine humaine.

1. Blocage d’anticorps

Les haptènes  simples, qui ont un seul déterminant antigénique, peuvent se lier aux anticorps, en bloquant ainsi les sites de fixation des ces anticorps ( Fig.1). Un anticorps lié à un haptène perd ses qualités défensives, et il cesse de remplir son rôle. D’autres conséquences possibles ressemblent aux effets secondaires d’un traitement immunosuppresseur comme :

–  une baisse de défenses immunitaires,

–  le  développement des cancers malignes,

–  l’effet tératogène,

–  le renouvellement des cellules sanguines altéré,

–  l’apparition d’ infections bactériennes, virales et de mycoses,

– des allergies

– des troubles du système digestif.

Fig.1 : Haptènes simples A + anticorps anti- A = blocage d’anticorps.

2. Production de complexes immuns

Les haptènes complexes ont deux ou plusieurs déterminants antigéniques c’est pourquoi un haptène complexe se fixe facilement aux deux et même aux trois anticorps. Mais pas plus de trois, faute de place (Fig. 2). Ainsi, de gros amas se forment , appelés complexes immuns, capables de traverser les parois du système circulatoire, de cumuler des dépôts dans les glomérules rénaux, de causer des artérites, de détruire n’importe quelles cellules. Les complexes immuns sont à l’origine des maladies telles que :

– maladies du cancer,

– inflammation des glomérules rénaux

– polyarthrite rhumatoïde,

– sclérose en plaques,

– maladie de Behçet et d’autres maladies auto-immunes.

Fig. 2 : Haptènes complexes A + anticorps anti- A = complexes immuns.

3. Recouvrement des érythrocytes

Les haptènes ont la capacité de se lier aux membranes  érythrocytaires : c’est un phénomène de recouvrement des érythrocytes. Dans la littérature médicale on rencontre aussi un autre nom : la transformation de groupe Lewis. On peut l’observer au laboratoire en éprouvette (in vitro) et dans un organisme vivant (in vivo). Les érythrocytes des individus dépourvus d’antigènes Lewis (Le a-b-) subissent une transformation au contact avec le sérum des individus ayant les antigènes Lewis : ils assimilent le caractère Le (a+) ou Le (b+) de l’individu qui possède ces caractères.

Analogiquement, les érythrocytes du groupe sanguin 0, au contact avec le sang d’un individu ayant un groupe sanguin A ou AB, subissent une transformation par l’action des antigènes A ou B  solubles du donneur de sang. En conséquence, à la suite d’une transformation des érythrocytes ( recouvrement par les haptènes) et la présence simultanée dans le sang d’ anticorps spécifiques, il se produit une hémagglutination. Puisque les déterminants antigéniques des érythrocytes ont été transformés par les haptènes qui se sont  liés à eux, ces érythrocytes peuvent s’agglutiner.

Une accumulation d’ érythrocytes agglutinés gêne la circulation sanguine dans les capillaires et l’oxygénation des tissus. Le manque d’oxygène dans le cerveau peut provoquer des troubles du système nerveux (malaises, maux de tête, nausées, irritation, et d’autres). Il faut savoir que les érythrocytes s’agglutinent le plus souvent grâce aux anticorps de grande taille (de classe IgM). Les anticorps de petite taille (de classe IgG) provoquent une hémagglutination si les érythrocytes ont un potentiel zêta bas, ce qui est rare.

Fig. 3 : Les haptènes simples (1) recouvrent les érythrocytes. Un anticorps (2) agglutine des érythrocytes ayant les déterminants antigéniques transformés.

Fig. 4 : Exemple d’haptène B : haptènes B + érythrocytes = recouvrement des érythrocytes par les haptènes B + anticorps anti-B = hémagglutination.

4. Hémolyse

L’hémolyse  est une destruction de membranes érythrocytaires ( Fig. 5). L’une des causes de l’hémolyse est l’hémagglutination passive où les membranes des érythrocytes agglutinés sont détruites dans les sites de liaison : protéine-haptène-anticorps. Certaines protéines, présentes dans le plasma sanguin, appelées complément (complément C 1 – C9), participent à cette destruction qui est suivie par la libération de l’hémoglobine. Des symptômes d’anémie peuvent être observés.

Fig. 5 : Erythrocytes agglutinés + complément (C1- C9) = hémolyse

5. Destruction de diverses protéines

Les haptènes favorisent non seulement  l’agglutination   des érythrocytes. Ils peuvent aussi créer des dommages dans  d’autres cellules, y compris celles de la myéline des neurones. L’apparition de déterminants antigéniques transformés (recouverts) par les haptènes sur la myéline constitue un risque pour l’organisme. Si, dans le même temps, des anticorps correspondants capables de se lier à ces déterminants antigéniques existent, alors les complexes: myéline – haptène – anticorps apparaissent. Ces complexes sont ensuite détruits plus ou moins efficacement  grâce au complément C1 -C9  (Fig. 6).

Ainsi, il est possible d’ attribuer aux haptènes étrangers un rôle dans l’étiologie de la sclérose en plaques.

Fig. 6 : Haptènes + myéline = myéline recouverte d’haptènes + anticorps correspondants = complexes immuns + complément (C1 –C9) = destruction de myéline.

6. Sensibilisation

Les haptènes étrangers seuls  ne provoquent pas de production d’anticorps, mais en se fixant sur les protéines, ils changent l’antigénicité de ces protéines. Les protéines ainsi transformées deviennent immunogènes, et elles induisent la production d’anticorps par l’organisme.

Cette réaction immunitaire  est appellée  sensibilisation. L’effet pervers de cette réaction est le développement possible de sensibilité ( allergie) à ces protéines modifiées par les haptènes à la suite des contacts  répétés,  en  l’occurrence,  une allergie aux haptènes humains.

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