Mes haptènes dans ton sang

Comme il a été déjà dit, parmi les substances chimiques sécrétées et diffusées à l’extérieur par l’organisme humain, il y a de „petits antigènes” solubles, les haptènes. Un nuage d’haptènes n’est pas durable, il se disperse vite dans l’air ambiant. Mais les haptènes sont des substances stables.

Fig. : Le transfert d’haptènes par voie aérienne d’un organisme à un autre.

Il est possible de retrouver des haptènes A, B, Lewis ou Sid (et d’autres encore) dans le sang et sur les érythrocytes chez les individus qui n’en fabriquent pas. Cela tient du miracle !

L’exemple ci-dessous permet de l’expliquer.

Abel et Ola se trouvent dans une petite pièce mal ventillée.

Abel est de groupe sanguin AB et il est sécréteur d’haptènes A et B, c’est-à-dire, son corps sécrète ces haptènes par la respiration et par les glandes sudoripares.

Ola est de groupes sanguin O. Elle est jeune donc, dans son sang , il y a beaucoup d’anticorps anti-A et anti-B. Les haptènes A et B sont des agents pathogènes pour elle (ils provoquent une réaction immunitaire majeure). Avec l’air qu’elle inspire, de grandes quantités d’haptènes pénètrent dans ses poumons, et puis, dans son sang où les anticorps anti-A et anti-B peuvent agir. Dans le sang d’Ola, des réactions biochimiques peuvent se produire et entraîner des symptômes des maladies. Le temps nécessaire pour que les signes des maladies soient visibles est très variable: de quelques minutes à quelques années, et il diffère d’une personne à l’autre. Il varie surtout en fonction du degré de sensibilisation.

Des problèmes de santé peuvent être discrets et imperceptibles au début pour devenir, progressivement, de plus en plus graves au fur et à mesure que l’exposition aux haptènes étrangers se prolonge.

Des malaises arrivent à la suite des contacts avec les haptènes, parfois après quelques minutes. Il est possible de prévoir le type de problèmes de santé si l’on connaît les réponses aux questions suivantes :

– A quel genre d’haptènes Ola était-elle exposée : simples ou complexes ?

– Quel était son degré d’exposition aux haptènes nuisibles ?

– Est-ce que d’autres protéines capables de se lier aux haptènes A et B étaient présents dans l’organisme d’Ola ?

– Quel était le taux d’anticorps anti-A et anti-B chez Ola ?

S’il y a peu d’anticorps ou bien peu d’haptènes dans le sang, les réactions biochimiques ne sont pas évidents. Par contre, une grande quantité d’haptènes et un taux d’anticorps conséquent sont nécessaires pour que des modifications chimiques importantes puissent se produire.

En voici quelques variantes (se reporter aux figures dans l’article Les haptènes que nous respirons) :

1. Les haptènes simples, par exemple les haptènes A bloquent les anticorps anti-A.
2. Les haptènes complexes, par exemple les haptènes A, liés aux anticorps anti-A, forment des complexes immuns. Une accumulation de grandes quantités de complexes immuns génère des problèmes de santé.
3. Si certains haptènes, par exemple les haptènes B, recouvrent la myéline des fibres nerveuses : dans ce cas, les anticorps anti-B se lient aux antigènes B (haptènes) et ensuite, le complément (C1 – C9) détruit les complexes anticorps-haptène-myéline. La gaine de myéline subit des dommages appelés démyélinisation. C’est un des symptômes de la sclérose en plaques.
4. Les haptènes, par exemple B, peuvent se lier aux diverses protéines et créer des complexes : anticorps-haptène-protéine. Les propres protéines du corps, transformées par les haptènes étrangers sont alors détruites par l’action conjointe des propres anticorps anti-B et du complément (C1-C9). Ce processus est à l’origine de diverses maladies auto-immunes chroniques.
5. Si les haptènes B (glicosphingolipides) se lient à la surface des érythrocytes, des érythrocytes ayant les déterminants antigéniques B apparaissent. En résultat, les anticorps agglutinent les érythrocytes, ce qui gêne la fluidité du sang dans les capillaires. Au fil du temps, une exposition continuelle aux haptènes B et la transformation des érythrocytes par les antigènes B favorisent une agglutination de plus en plus massive, et un engorgement des capillaires élevé. Si la circulation de sang est entravée chroniquement, l’oxygénation des cellules est faible, et des troubles suivants peuvent survenir: somnolence, manque d’énergie, maux de tête, nausées, malaises, irritabilité,…

Si Ola s’évanouissait, et si Abel essayait de la sauver en effectuant le bouche-à-bouche, une grande quantité d’haptènes nocifs insufflés à Ola entraînerait une forte hémagglutination. Les capillaires bouchés par les érythrocytes agglutinés, en perturbant la circulation de sang auraient pu aboutir au décès d’Ola pour cause d’insuffisance circulatoire.

6. Dans une certaine mesure, une hémagglutination massive est contrôlée grâce à l’action du complément (C1-C9) qui détruit les membranes des érythrocytes. Les érythrocytes sont alors désintégrés, et l’hémoglobine libérée. La circulation sanguine dans les capillaires bloqués auparavant se normalise, mais les conséquences de ces processus ne sont pas tous anodins.